Le mercredi 8 mars, Forum a eu le plaisir de recevoir Charles Beigbeder à l’emlyon business school pour évoquer son parcours atypique d’entrepreneur politique ou de politique entrepreneur.

Charles Beigbeder commence sa carrière dans de grands groupes, dans les domaines de la finance et de l’industrie. Il décide de devenir entrepreneur, de ‘’prendre son destin en main’’ lorsqu’il se rend compte que ce qu’il fait n’a pas assez d’intérêt et, de son propre aveu, ne rémunère pas suffisamment. Il est alors fasciné par des entrepreneurs à succès comme Jean-Luc Lagardère ou Bill Gates.

Il intègre alors le collectif CroissancePlus, ce qui lui offre la possibilité de discuter avec des personnalités politiques et économiques, ainsi qu’avec des syndicats (il traite des sujets comme l’évolution du droit du travail ou du droit des sociétés). C’est ce qui lui donne le goût de la politique, se rendant compte qu’il lui est ainsi possible de faire évoluer l’environnement des entreprises en France.

Pour lui, il existe trop de blocages en France, et il n’est pas normal que ce soient les directives européennes qui la réforment. C’est le travail de détail qui apporte les modifications.

Il brigue la présidence du MEDEF, sans grand espoir de victoire, mais il veut représenter CroissancePlus. Il considère sa défaite comme lui ayant été favorable car cela a fait parler de la campagne et a dynamisé Laurence Parisot, la gagnante, qui aurait sinon gagné sans concurrence sérieuse.

Puis il décide de se lancer dans la politique après 8 ans au MEDEF. Il est candidat aux législatives puis aux municipales pour l’UMP mais il ne parvient pas à l’emporter. Aujourd’hui indépendant, il a créé l’Avant-Garde, mouvement transpartisan anticonformiste, ordolibéral et démocrate.

Il porte un regard plutôt amer sur ses premières années professionnelles. Huit ans au sein de l’industrie et de banques d’affaires lui ont beaucoup appris, mais se sont révélées trop répétitives et techniques. Pris d’une envie d’avoir plus de responsabilité, de créativité. Employé en banque d’affaires, il lui semblait que ses clients prenaient plus de plaisir que lui dans leur travail. Il décide alors de créer sa propre entreprise, qui est en même temps une épargne forcée qui lui permet de se constituer un patrimoine. En lisant les journaux tous les jours, beaucoup d’idées lui viennent à l’esprit.

En 1996, il se rend compte qu’aux Etats-Unis le phénomène internet devient très sérieux, et qu’il existe des courtiers en ligne qui permettent aux particuliers de boursicoter avec des courtages faibles. Il est le premier à lancer ce concept en France, avec sa société Selftrade, en 1997. Pour se lancer, il veut d’abord 800 000 euros, mais n’obtient qu’un dixième de cette somme, le reste devant se débloquer à condition d’atteindre des objectifs. Finalement la société est lancée juste avant que l’Euro ne soit adopté en France. La société marche rapidement grâce à une situation temporaire de monopole et une demande forte.

Cette première réussite lui donne le goût de l’entrepreneuriat et lancera par la suite de nombreuses autres entreprises, qui s’avèrent souvent être des réussites. Il considère que pour réussir à lancer une entreprise, il faut s’appuyer sur les évolutions réglementaires et technologiques dans le but de combler un déficit d’offre.

Il retire de l’échec de son entreprise Happytime – qui proposait des coffrets cadeaux sur une plateforme de loisirs en ligne qui mettait en relation clients et offreurs – qu’il ne faut pas s’accrocher à une idée qui met trop de temps à intéresser les gens. Il perd beaucoup d’argent mais surtout de la légitimité dans cette opération.

Depuis, il a fondé son fonds d’investissement Gravitation, qui investit dans 2 entreprises par an pour les aider à se développer.

Puis désireux de se présenter aux élections Municipales dans le 12e arrondissement de Paris, il ne s’entend pas avec NKM, et se rabat sur le 8e arrondissement, où il ne pourra pas non plus se présenter dans l’arrondissement de Pierre Lellouche. Il décide de créer sa propre liste dissidente dans le 8e arrondissement, Paris Libéré, mais échoue à se faire élire.

Ses opinions politiques couvrent un large champ idéologique. Le sujet de l’identité lui tient particulièrement à cœur. Pour lui la France a des racines, des traditions, une rame du temps qu’il ne faut pas nier. Il considère qu’il faut opérer un ré-enracinement, donner le goût de la France à la nouvelle génération.

Il pense que certaines politiques publiques ne peuvent être faites qu’à l’échelle de l’Union Européenne (politiques de lutte contre le CO2, relatives aux frontières…). Mais beaucoup d’autres doivent être menées à l’échelle nationale, voire régionale. Il n’est donc pas contre l’UE, mais considère que la Commission Européenne est trop présente. Il Prône la subsidiarité, qui veut que ce qui peut être fait au niveau n ne doit pas se faire au niveau n+1.

Enfin, il milite pour le non-cumul des mandats dans le temps, et pour une société civile plus présente dans les prises de décisions politiques. Il est contre une législation sur la rémunération des patrons, cependant il admet que la part du salaire fixe peut être réduite, laissant plus de place à la part variable.

Il avoue que cet engagement pourrait avoir un impact négatif sur ses affaires, mais affirme ne pas vouloir arrêter son militantisme.

Nous tenions encore à remercier monsieur Beigbeder pour sa venue à l’emlyon et pour cette conférence très intéressante.

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